DEFI LECTURE

Publié le par Anne Grimaldi

Source : http://18b-gouttedor.scola.ac-paris.fr/

 

 

LE DÉFI-LECTURE

 

d’après Donner le goût de lire, de Christian Poslaniec, qui, dans cet ouvrage, propose un éventail d’"animations lecture", une "boîte à outils " permettant de " mettre en mouvement les enfants vers les livres" et favorisant "leur intégration et leur participation à la vie du groupe des lecteurs"1.

 

"Le défi-lecture m'apparait comme une activité idéale pour inciter les élèves à lire",écrit Madeleine Ollivier, un professeur de collège qui l'a pratiqué. "Il se donne pour objectif d'inciter des élèves de collège à lire une trentaine ou une quarantaine de livres; d'établir sur ces livres des questionnaires ; de les proposer à une classe correspondante d'un autre collège et inversement. A la fin de l'année scolaire se déroule la journée "défi-lecture" au cours de laquelle les deux classes s'affrontent autour de jeux collectifs élaborés par les élèves. Cette journée est synonyme de fête, de joie, de plaisir : un goûter est organisé sur les lieux du tournoi, des cadeaux divers sont remis aux élèves."

 

Inventé en 1984 dans un collège de Caen, le défi-lecture a conquis un large public puisqu’il est pratiqué dans des centaines d'établissements scolaires et de bibliothèques.

Le défi-lecture est une compétition ludique entre deux classes, ou davantage. Il dure toute une année scolaire. Et, bien entendu, rien n'est obligatoire.

Les enseignants commencent par déterminer une liste de vingt à quarante titres de livres pour la jeunesse, tous genres confondus, certains titres très connus des enfants (pour que tout le monde trouve une entrée possible dans ce choix), d'autres non.

 

Dans une première étape, il s'agit, pour chaque classe, de lire les livres proposés. Pour les y inciter, les animateurs leur présentent tous les ouvrages de la liste d'une façon dynamique. Cette présentation est essentielle si l’on veut motiver le maximum d'enfants à lire les livres.

 

Dans une deuxième étape, chaque classe élabore une liste de questions portant sur les livres lus, la réponse à chaque question permettant d'obtenir un nombre de points défini à l'avance. Il est important que ces questions soient aussi variées que possible, portant aussi bien sur le fond que sur la forme, ne soient pas simplement des "colles", et admettent une réponse précise. Cette liste de questions est envoyée à l'autre classe qui envoie la sienne en même temps.

Dans leur livre Le Défi-lecture, Christine Méron et Jean-Jacques Maga - deux des créateurs de ce type d'animation lecture - établissent une typologie des questions posées par les enfants.

En voici quelques exemples :

 

Questions ouvertes

- des dessins réalisés par les élèves et illustrant un lieu, un personnage ou l'un des épisodes d'un roman ;

- des charades ;

- des énigmes ;

- des télégrammes anonymes qui obligent le joueur' à rechercher le personnage qui aurait pu en être l'auteur ;

Exemple de consigne : Trouve l'auteur de ces télégrammes et indique dans quel roman se trouve le personnage.

1. S.O.S.-stop-Bloqué dans placard-stop-Mauvais coups des loubards-stop. (Les intrus du Parc Paradis, R. Peck)

2. Arrivons demain matin-stop-Mère inquiète de ton silence-stop-Tout est découvert-stop. (Deux pour une, E. Kästner).

3. Je t'aime-stop-Je m'envole-stop. (Fou comme l’oiseau, P. Pelot).

 

Questions-jeu

- les mots croisés, centrés sur les objets, les lieux, les personnages d'un roman ;

- les puzzles, de toute nature : page ou illustrations photocopiées d'un livre, et découpées en morceau, mais aussi puzzle des actions-clés d'un récit présentées dans le désordre ;

Exemple de consignes concernant des intrus :

- Recherchez les quatre intrus qui se sont glissés dans la table des matières.

- Essayez de retrouver à quel roman se rapportent ces intrus.

 

Questions de cours

Un troisième critère de répartition permet de regrouper les questions qui se rapportent implicitement ou se réfèrent explicitement à l'analyse fonctionnelle des récits. Elles sont majoritaires.

Exemple de questions :

- De quoi parle le livre appartenant à M. Robbins, et que Becky a déchiré? (Les aventures de Tom Sawyer, M. Twain).

- Quand la femme de ménage en eut assez des chaussures, que fit-elle? (La sorcière de la rue Mouffetard, P. Gripari).

- Pourquoi Petit Pierre s'est-il enfui du cours d'allemand ? (Pistolet-souvenir, C. Gutman).

 

Questions d'œil

Un quatrième critère de classement isole les questions qui mobilisent les capacités mêmes de lecture. Ce sont les questions de repérage qui font intervenir les compétences perceptives et les stratégies de lecture.

Exemple de questions :

- Dans quel chapitre se trouve la scène où Bob Hart rencontre les représentants en produits de toilette ? (Le train ne sifflera pas trois fois,P. Pelot)

- J'ai recopié un passage du livre Un trou dans le grillage(F. Sautereau), mais j'ai ôté la ponctuation. Remets-la.

 

Questions de tête

Un cinquième critère regroupe les questions qui sollicitent la mémoire que les élèves gardent du texte lu, et la compréhension qu'ils en ont acquise.

 

Questions de culture

Un sixième et dernier critère enfin distingue les questions qui fournissent aux élèves l'occasion d'accroître leurs connaissances.

Exemple de consignes :

- Recherchez le pays où se passe l'histoire, et retrouvez la ville d'Hafiz. Pour donner la réponse, décalquez une carte (Djinn la malice, J. Cervon).

- Quel est l’oiseau qui peut reproduire le cri de la buse et du sansonnet ? (Les oiseaux, Nathan).

- En quelle année est né l’auteur de Croc-Blanc ?

 

La troisième étapeconsiste à mobiliser toutes les ressources de la classe de façon à répondre aux questions. Cela nécessite de nombreuses relectures. Ou encore, on s'aperçoit que certains livres ont été négligés. Dans tous les cas, c'est un approfondissement.

Des listes de questions peuvent ainsi être échangées à plusieurs reprises.

Mais dès le second trimestre, les enfants commencent à chercher quels grands jeux organiser pour la rencontre finale. Ceux-ci sont souvent dérivés de jeux connus comme le jeu de l'oie ou le monopoly. Christine Méron et Jean-Jacques Maga en présentent plusieurs, dans leur livre. Le centre de ressources lecture du collège Vauguyon, dans la Sarthe, qui depuis plusieurs années organise un défi-lecture départemental, décrit l'un de ces jeux dans son bulletin, Le dé-lire :

 

Matériel :

- un dé à huit faces ; chaque face correspond à un genre : 1 et 2 : roman, 3 : policier, 4 : science-fiction, 5 : poésie, 6 : BD, 7 : documentaire, 8 : joker (libre choix du genre) ;

- un chronomètre ;

- six corbeilles-pioches : chacune contiendra les questions portant sur les livres d'un même genre (8 par livre) ;

- une règle graduée : un moyen de matérialiser le score.

 

Jeu :

- tirer au sort l’équipe qui commencera ;

- un élève de cette équipe lance le dé. Le numéro décide du genre sur lequel la classe sera interrogée ;

- un élève tire une question dans la corbeille correspondante ;

- il remet cette question au meneur de jeu qui lit le titre de l'ouvrage sur lequel la classe devra répondre ;

- l’équipe dispose de 30 secondes pour fixer son contrat : 1, 2, 3, 4 ou 5 points ;

- le meneur de jeu lit la question. L’équipe devra répondre en 1 mn 30 maximum. Sur ce temps, le meneur de jeu peut relire la question une fois, à la demande ;

- si la réponse est exacte, on ajoute les points du contrat au capitaine de l’équipe.

 

A la fin de l'année scolaire, toutes les classes concernées se rencontrent et s'affrontent dans ces grands jeux.

Après quoi on totalise les points obtenus, et on proclame les vainqueurs. Ce qui est l'occasion d'une petite fête.

Proposer ainsi à deux classes d'entrer en compétition à propos de livres modifie les réticences à lire de certains enfants, alors motivés par l'aspect ludique de l'animation. Un grand nombre de livres étant en compétition, on peut espérer que chaque enfant pourra faire une rencontre exceptionnelle avec au moins un livre, et découvrir le plaisir de lire. L'aspect compétitif n'est donc qu'un moyen d'introduire les livres auprès des jeunes.

Mais le défi-lecture est aussi une forme de correspondance particulière. A travers les questions qu'ils se posent, dans le désir qu'ils ont d'y répondre, les enfants découvrent peu à peu ces autres jeunes d'un établissement différent. La rencontre finale permet une rencontre affective de ces partenaires avec lesquels quelque chose a été échangé.

Les faibles lecteurs, qui peuvent être réticents au début, finissent le plus souvent par lire aussi, pour partager le plaisir du jeu dont ils voient les manifestations chez leurs camarades. Car, comme le dit Madeleine Ollivier : "Si le défi-lecture sous-entend le défi lancé à l'autre, il est aussi celui que l'élève se lance à lui-même."

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Donner le goût de lire, de Christian Poslaniec, éd. du Sorbier, 2004 (première édition 1990).

 

 

 

Le Défi-lecture : pédagogie de la lecture-écriture en projet, Christine Méron, Jean-Jacques Maga, éd. Chronique Sociale, Lyon, 2003 (première édition : 1989).

 

1 Quelques animations figurant dans ce livre :

- le point commun ;

- jouer à cache-livres ;

- la course à l’humour ;

- Chocolecture ;

- mini-Apostrophes ;

- organiser un concours de lecture ;

- objection votre honneur ;

- produire une émission de radio ;

- publier une revue littéraire ;

- réaliser un clip vidé pour présenter un livre.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article